Les libéraux parlent aux libéraux
Pourquoi les médecins font-ils grève ?
Celle de 14
L’archidémago rapport Archimbaud
Commandé par le Premier Ministre en mars 2013 à la sénatrice Aline Archimbaud, le rapport « l’accès aux soins des plus démunis : 40 propositions pour un choc de solidarité » répond… à côté.
La commande était pourtant claire : il s’agissait « d’établir les raisons pour lesquelles les personnes malades se détournent des prestations auxquelles elles peuvent prétendre ». Visés expressément par la feuille de route : l’accès à la complémentaire santé (ACS), la Couverture maladie universelle complémentaire (CMUC) et l’aide médicale aux personnes en situation irrégulière (AME), trois dispositifs boudés par leurs bénéficiaires.
On s’attendait, au minimum, à quelques explications sur l’inaccessibilité. Que nenni ! Le rapport empile des réponses convenues, des affirmations non fondées, des solutions approximatives qui vont toutes dans le sens du poil d’un électorat qui érige la lutte contre l’inégalité en véritable religion.
Démago à gogo
La première ligne de la préface donne le ton : « des centaines de milliers de nos concitoyens se voient refuser l’accès aux soins… ».
« Se voient refuser » : l’intention accusatoire n’échappe à personne.
Juste après, isolée entre deux interlignes pour bien la mettre en exergue, une phrase hyperbolique qui se jette à vos yeux comme une évidence : « Il y a le mur de l’argent… »
Et comme bien sûr, vous n’avez pas encore tout compris, on vous parle alors de « stigmatisation des chômeurs », de la vilaine administration qui se mobilise contre la « triche sociale », de ces fonctionnaires sûrement psychopathes qui rognent sournoisement, à coups de circulaires, l’édifice de la couverture universelle.
« Cette offense à la cohésion nationale et cette déchirure profonde du lien social… » glose la sénatrice avec des relents de guerre civile, est la seule cause des difficultés d’accès aux soins des plus démunis. La réalité dit-elle, est celle d’un « parcours du combattant », « dans un système qui semble ne pas avoir été conçu pour ces personnes et où la lutte contre la fraude a pris ces dernières années une importance démesurée au regard des enjeux financiers. »
Y-aurait-il, embusqués derrière les guichets désuets de la sécurité sociale, quelques activistes du front national appliqués à faire régner un climat de terreur.
Ainsi lit-on à la page 57 : « Le climat de suspicion généralisée qui en résulte est désastreux : le système semble tourné, et toutes les énergies mobilisées, vers la chasse aux fraudeurs, plutôt que vers la recherche des bénéficiaires des droits et la lutte contre le non recours. Il est par exemple frappant d’entendre la CNAMTS se féliciter des possibilités d’échanges avec les CAF et la direction générale des finances publiques, et envisager une diversification de ces échanges, notamment au moyen des signalements par les URSSAF des ressources dissimulées. »
On y lit un peu plus loin : « Des travailleurs sociaux ont fait part à la mission de l’existence dans certaines caisses primaires « d’entretiens ‘’piégeants’’ et de l’initiative prise par certaines associations d’organiser des séances de coaching … » pour les éviter.
Même si Frédéric Van Roekeghem ne fait pas dans Lire la suite…
Les ressorts inattendus de la médecine libérale
Médecine libérale en Pays de la Loire : le bon sens près de chez soi
Un colloque organisé au printemps dernier par l’URPS-ML des Pays de la Loire confirme le dynamisme de jeunes médecins qui ne craignent pas de se lancer dans l’aventure libérale
Il faut dire qu’avec le matraquage de l’opinion sur la désertification médicale, le succès de la journée des pôles et maisons de santé organisée par l’Union Régionale des Professions de Santé des Médecins Libéraux (URPS-ML) des Pays de la Loire et l’Association des Pôles et Maisons de Santé Libéraux pour sa deuxième édition n’était qu’une demi surprise. Près de 200 participants, autant d’élus que de professionnels de santé, avaient manifesté leur intérêt, le 18 avril dernier à Gétigné dans les environs de Nantes, au dossier finalement mal connu de la médecine de proximité. Et ils ne furent pas déçus.
Encore des idées reçues
Pollué par de coriaces assertions aux allures universelles, le constat s’éclaire d’éléments qui font désormais l’objet d’un timide consensus.
Non la démographie médicale n’a pas les allures de catastrophe nationale qu’on lui inflige. Au creux de la vague, l’offre de soins de proximité ne retrouvera jamais que son niveau des années 90.
Non, sur la question des soins de premiers recours, il ne s’agit pas d’une défection ou, pire, d’une désertion de la médecine libérale mais d’une transformation intrinsèque de la médecine dont la caractéristique majeure est sociologique : les femmes, avec 75% des cohortes sortant des universités, apparaissent bien comme l’avenir de la médecine et tracent une voie qui réfute la médecine de papa des années 60.
Que dire alors de cette révolte des élus locaux, porte-drapeaux d’une revendication désespérée qui place la médecine et plus généralement la santé comme ultime recours d’une revitalisation économique de dizaines de milliers de villages appauvris par une politique d’aménagement du territoire qui a favorisé exclusivement, depuis 50 ans, la « mégapolisation » des capitales régionales(1).
Non, enfin, le patient n’est pas immobile. Il bouge(2), s’organise, teste, este, et dans 80% des cas doit apprendre à vivre avec sa maladie chronique. Ceci étant dit, où en sommes-nous en Pays de la Loire ?
Mariage pour tous
La première table ronde au titre évocateur portait justement sur le sujet le plus épineux : couples élus/professionnels : éviter le divorce est-il possible ? Du Braudel à l’état pur, car les querelles de clocher encore de nos jours vont bon train. La présentation du projet de Torfou, haut lieu d’une révolte vendéenne en 1793, fut le détonateur d’une explosion de témoignages : « à quoi jouent ces maires qui dépensent l’argent public pour faire venir des Roumains alors que les… Lire la suite…