Le rapport de l’OCDE, publié le 4 novembre dernier, décrit au travers de 11 sections et 226 pages un panorama comparatif de la santé au travers d’un faisceau d’indicateurs synthétiques. Ainsi, on apprend sans surprise que l’espérance de vie continue de s’allonger malgré quelques disparités. Qu’il n’y a jamais eu autant de médecins et d’infirmiers dans les pays de l’OCDE. Malgré tout, l’accès aux soins reste une question. Le rapport pointe tout de même l’augmentation des dépenses pharmaceutiques liées à la mise sur le marché de nouveaux médicaments innovants très onéreux interroge sur l’efficience des politiques publiques menées. Malgré un coût exorbitant, le rapport coût/efficacité n’est pas meilleur et « interroge sur la meilleure façon d’aligner les intérêts des sociétés sur ceux des laboratoires pharmaceutiques et des investisseurs« …
Les dépenses pharmaceutiques s’élevaient à 800 Md$ environ en 2013, soit près de 20 % du total des dépenses de santé en moyenne.
L‘envolée des dépenses pharmaceutiques est contrastée puisque, ces dernières années, si la croissance des dépenses pharmaceutiques au détail a ralenti les dépenses hospitalières ont généralement augmenté. En cause : l’émergence de nouveaux médicaments de spécialité onéreux, visant des populations restreintes et/ou des pathologies complexes. Ainsi, en moyenne, la consommation de produits pharmaceutiques des hôpitaux et des autres établissements de soins accroît la facture pharmaceutique totale d’environ 20 %, soit plus d’un dollar sur cinq dépensé dans le domaine de la santé consacré à l’achat de produits pharmaceutiques.
Pourquoi ce recul des ventes en détail ? Principalement les politiques de maîtrise des coûts déclenchées dans les périodes récentes de crise. Egalement, l’expiration des brevets de certains médicaments « blockbusters » et l’essor des génériques. « Plusieurs produits d’une valeur totale de plus de 30 milliards de dollars annuel de recettes aux États-Unis ont perdu leurs brevets en 2011-2012, parmi lesquels Plavix® (agent antiplaquettaire), Lipitor® (anti-cholestérol) et Actos® (diabète), qui représentaient ensemble près de 15 milliards USD de ventes » (p.44).
« La demande croissante de médicaments et la mise sur le marché de nouveaux produits sont les principaux déterminants de la croissance des dépenses. Dans le même temps, la disponibilité des médicaments génériques et biosimilaires, associée à la mise en place et au renforcement des politiques de maîtrise des coûts, a fait baisser les dépenses au cours des dernières années » (p.40)
En revanche, les dépenses hospitalières en produits pharmaceutiques ont augmenté en raison de la multiplication des médicaments de spécialité majoritairement délivrés en milieu hospitalier et au coût souvent très élevés (p.38). L’augmentation constante des dépenses liées au médicament tient également à l’augmentation de la prévalence des maladies chroniques (cancer,diabète, maladies mentales), du vieillissement de la population, de l’évolution des pratiques cliniques et de l’extension de la prise en charge, ainsi que de nouvelles options thérapeutiques : « entre 2000 et 2013, la consommation d’antihypertenseurs, d’antidiabétiques et d’antidépresseurs a quasiment doublé, tandis que la consommation d’hypocholestérolémiants a triplé. » (p.41)