Éditorial de la 447ème
Pas d'annonces fracassantes lors de l'interview d'Emmanuel Macron par Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin (BFMTV-RMC-Mediapart) ou, tout au moins, qui n'aient été déjà faites par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. La santé est venue sur le tapis au bout d'une heure (1h04'17).
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Face à la grogne sociale, le Président a su clarifier les choses en opposant "le mécontentement des cheminots" et "le mal-être profondément légitime à l’hôpital". Il n'y a pas de "coagulation des mécontentements" a-t-il affirmé.
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Se souvenant certainement de son interpellation par des infirmières du CHU de Rouen le 5 avril dernier, il a voulu calmer le jeu en rappelant que ce mal-être était "le fruit de plusieurs décennies de défaillance collective". Et jugeant certaines situations "insoutenables" à l'hôpital, il s'est voulu compréhensif et a promis des "décisions claires" au mois de mai. Ce qui correspond au calendrier prévu par Agnès Buzyn lors du lancement de sa stratégie nationale de santé le 13 février dernier.
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En martelant qu'il est plus question de réorganisation que de financement : "On va réinvestir, en réorganisant, en sortant de la tarification à l’activité". L'idée est "d'enlever de la bureaucratie dans les hôpitaux", de mieux suivre le patient grâce à une "rémunération qui permette d’accompagner le patient" qui valorise "davantage le parcours de soins". Mais les annonces concrètes sont attendues plutôt pour la fin de l'année au travers des expérimentations du fonds pour le financement de l'innovation organisationnelle (art.35 du PLFSS).
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Par la suite, interrogé sur la dépendance, Emmanuel Macron ne s'est pas montré opposé au financement d'un 5ème risque par une deuxième journée de solidarité. "C'est une piste" a-t-il confié. Une idée qu'avait justement évoqué Agnès Buzyn au micro de Jean-Jacques Bourdin jeudi dernier. Créer un 5ème risque ne peut, de toute façon, reposer que sur la solidarité nationale (voire sur les assureurs). Mais les pistes de réforme sont floues et les départements voient toujours rouge.
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Pour mémoire, selon le dernier rapport de la Cour des Comptes sur les finances publiques (chapitre 5, p.215), les dépenses sociales des départements (donc pas exclusivement la dépendance) représentent 32Md€, soit plus de la moitié (55 %) de leurs dépenses de fonctionnement. "La vive croissance des dépenses sociales est la principale cause de la dégradation de l’équilibre financier des départements" (p.238).
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Des records d'audience, des punchlines, des codes innovants, etc. mais, sur le fond, on reste sur sa faim. Comme le souligne, dans Le Figaro, Arnaud Benedetti, qui a consacré un ouvrage à la communication du président, "si Macron conceptualise son projet, ses points d'application restent incertains. [Il] n'a pas réussi encore à trouver la langue politique pour incarner son discours. Cette béance-là reste intacte. L'hôte de l'Élysée, habité par la flamme de ses certitudes, parle plus aux experts et aux commentateurs qu'aux masses".
Et même pour les déçus qui auraient été tentés de zapper sur le match de foot, le PSG a réussi à mener 3-0 dès les premières minutes. Aucun suspens nulle part...
Crédits photos : Vie d'Aide-Soignants, Sylke Ibach.