Éditorial de la 363
Contrairement aux idées reçues, le nombre de médecins en France ne cesse d'augmenter. Et la densité des professionnels est toujours au-dessus de celle des pays de l'OCDE. Pourtant à entendre les cris d'orfraie de Patrick Bouet et de François Baroin, la désertification est à nos portes; plus une seule collectivité ne fait pas face aujourd'hui à un problème d'accès aux soins. "Hémorragie", "catastrophe", "chute inexorable", les titres de la presse redoublent d'imagination pour évoquer l'avancée du "désert médical". Maires et médecins ont trouvé une "cause commune" : accuser les pouvoirs publics. Mais c'est avoir la mémoire bien courte...
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Pour perdre encore plus le clampin moyen derrière son téléviseur, les chiffres sont différents selon les sources. La CNAMTS et l'Ordre ne comptabilisent pas les mêmes professionnels... Et les conclusions peuvent être bien différentes. Le lendemain, le CNOM (qui comptabilise les médecins en activité régulière libéraux ou en activité mixte) publiait son 10ème Atlas annuel. Le tableau de l’Ordre recense 88 886 médecins généralistes en activité régulière en 2016 ; soit une diminution de 8,4% des effectifs depuis 2007 (p.28). En revanche, si l'on considère les données issues de l'assurance maladie (SNIIRAM), qui se base sur les données de remboursement, en 2014, les généralistes libéraux sont 59 284 en France et entre 2007 et 2014, la chute représente -3,55%. Les données d'activité et de consommation depuis 2004 sont entièrement publiques et téléchargeables. Bataille de chiffres. Bataille d'idées ?
L'assiette au beurre n'a pas fini de susciter les convoitises et attiser les passions.
La densité par cantons de généralistes pour 10 000 habitants en 2004 et en 2014, SNIIRAM, Cartosanté.
Crédits photos : Lorenzo Scheda.