Le temps des cerises
Mardi 5 mai 2015
Le temps des réformes est passé. On le savait de toute façon dès le début de l'année lorsque Manuel Valls a présenté sa feuille de route pour les prochaines années : pas de réformes qui ne soient déjà dans les tuyaux. Place maintenant aux discours et à la pédagogie. La Ministre, sa loi de modernisation de santé sur le chemin du Sénat, a pu consacrer une tribune dans le Huffington Post pour défendre la parité et le droit des femmes, taclant au passage sur Twitter Marine Le Pen osant citer Olympe de Gouges. Attention féminisme, chasse gardée.
De son côté, Alternatives Économiques a consacré un dossier spécial ce mois-ci sur les enjeux de la réforme de la santé. "Refonte en profondeur des modes de rémunération des médecins" pour valoriser une approche au forfait plus qu'à l'acte, "régulation de la liberté d'installation", "conventionnement sélectif", "rétablissement du service public hospitalier supprimé par la loi HPST", "concentrer les remboursements des médicaments sur des produit vraiment utiles", "libérer les prescripteurs de l'influence des acteurs économiques", renforcer l'offre en centre de soins municipaux, fusionner CMU et AME, etc. Tout y passe. Y compris bien sûr un plaidoyer incontournable sur la généralisation du tiers-payant. Voici venu le temps des cerises.
Ou plutôt des queues de cerises si l’on en croit la circulaire budgétaire pour 2015 pour les établissements de santé qui prévoit de réaliser 730 M€ d’économies et de limiter l'évolution de la masse salariale à +1,5% sur trois ans ; ce qui n’a pas manqué de faire hurler la FHP, interpelant Manuel Valls sur ces "économies en trompe l’œil" et criant à l'injustice entre privé et public : augmentation des dotations MIGAC, soutien aux ressources humaines à hauteur de 887,3M€ pour l’hôpital public; alors que les cliniques ne bénéficireont pas de l'effet du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et qu'elles devront faire face à une "baisse supplémentaire des tarifs de 1,5%, et ce alors qu'[elles] s’acquittent chaque année de plus de 600 millions d’euros d’impôts, taxes et charges sociales, dont les hôpitaux publics sont bien sûr exonérés".